Les montagnes russes

Au début, porté par le groupe, tu fais un peu le fier à bras et tu te lances même si en montant dans le wagon t’as les jambes qui flageolent un peu… Arrivé en haut de la première montée tu te dis que ça va et après la première descente tu te détends un peu… Mais à l’approche la grande pente, au moment où le wagon arrive au point de non-retour tu te demandes pourquoi tu t’es fourré dans cette galère… et pas moyen de quitter le navire en marche… juste serrer les dents et encaisser le shoot d’adrénaline… Et puis une fois parcours terminé tu te dis que quand même c’était génial, que tu t’es éclaté et que limite tu es prêt à embarquer pour un deuxième tour… Coudre Serra c’est ça… Les montagnes russes !

L’attraction

La demi-saison est toujours un sujet épineux rapport à ma garde-robe. Comme dit l’adage « en avril ne te découvre pas d’un fil », et c’est vrai qu c’est un moment où il fait trop chaud pour les pulls et les manteaux d’hiver mais pas encore assez pour se contenter d’une petite veste. L’idéal est donc incarné par la parka, et notamment ici Serra, le nouveau bébé de Pauline Alice.

Disponible en 3 versions, déclinables et aux détails interchangeables, 7 planches de patron et un livret en 3 langues rangés dans une pochette au design soigné, inutile de vous dire que Pauline a bossé un maximum avec son équipe pour proposer une attraction au top des sensations fortes. Je vous renvoie au site et au blog très complet de la marque pour tous les détails concernant le patron (métrage, tailles, fournitures, versions…) pour mieux me concentrer ici sur mon expérience (et de concentration croyez-moi il va en être question).

Portée par le groupe

Il y a quelques semaines, à la suite d’un post de Marie (alias Basile et Léon, qui vient d’ailleurs de créer sa jolie marque de pret-à-porter mais je pense que nous en reparlerons bientôt) où nous étions nombreuses à baver devant son Kelly anorak, l’idée est venue de créer un petit groupe d’insta-copino-couturières pour se lancer le défi de coudre une parka pour le printemps (#teamkelly).

C’est vraiment galvanisant un groupe qui cogite sur un projet commun et plus constructif aussi quand il s’agit de se poser la question de la doublure (moumoute ou pas moumoute, matelassage ou pas matelassage etc.) avec des nanas plus réactives et pertinentes qu’un amoureux qui, soit ne voit pas de quoi on parle, soit vous couve d’un « c’est toi qui sait ma chérie, t’es super forte » certes gratifiant mais qui fait peu avancer le schmilblick.

Bref, portée par le groupe tu te sens invincible, hyper motivée, et tu montes dans le manège sans être vraiment consciente de ce qui t’attend. Excitée, la tête pleine d’idées et le doigt prêt à cliquer sur « valider votre commande »…

J’y vais mais j’ai peur

Ça y est, on est assis dans la wagon, le type de la sécu passe vérifier les ceintures et c’est parti pour la poussée d’accélération : décalquage, découpage, entoilage…

Pour la version « A » de Serra j’ai choisi :

  • Une gabardine Pretty Mercerie kaki (attention à la laize des tissus, je n’avais pas fait attention et la gabardine que j’avais choisie était en 110. Mention spéciale à l’équipe de Pretty Mercerie qui a été super réactive quand je me suis rendue compte de mon erreur et a complété ma commande avant son expédition. Pour une première commande chez eux – j’avais reçu une carte cadeau pour mon anniversaire – je ne suis vraiment pas déçue, la qualité de service est de tissu est au rendez-vous. Remarque totalement franche et non sponsorisée évidemment, mais je le précise quand même.
  • Une doublure en double gaze « Stardust Off-white » Atelier Brunette pour le dos + une partie des manches (pour que ce soit joli quand on les retrousse) et une viscose twill écrue pour les manches et la capuche de chez Little fabrics. La double gaze donne un côté légèrement moelleux au vêtement et la viscose twill permet de pouvoir glisser les bras sans soucis tout en apportant un peu d’épaisseur.
  • Toute la mercerie (pressions, œillets, entoilage) vient de chez Rascol. Les pressions et les œillets sont hyper faciles à poser avec l’outil fourni, il faut juste un marquage précis en amont et un marteau. Les stops et embouts de cordons ont été récupérés sur une ancienne veste.

En ce qui concerne la taille je ne saurais trop vous recommander de bien suivre le tableau des tailles. J’ai ici coupé une taille S et c’est parfait (en prêt-à-porter classique je pars plutôt sur du 40 et du M/L suivant le rendu que je souhaite). Sur les photos je le porte avec un gros pull dessous et ça passe crème.

Une fois le gros travail de préparation effectué la pression monte un peu… Pile le moment où le petit train va basculer dans le vide, le moment où tu sais que tu peux pas faire marche arrière si sauter en marche (déjà parce que c’est un petit budget ce projet on va pas se le cacher, parce que les copines attendent de voir et parce que malgré tout avec Pauline aux manettes t’as la confiance).

AHHHHHHHHHHHHH

Quand je vous disais qu’un projet comme Serra (ou Kelly anorak ça marche aussi j’imagine) c’est comme les montagnes russes c’est parce que j’ai eu l’impression de passer par toutes les émotions possibles et imaginables, de la danse de la joie devant une surpiqure parfaite à l’impression d’être la dernière des nouilles et vouloir tout laisser tomber (oui je suis une personne très nuancée vous pouvez le constater) quand je fais des erreurs d’inattention (genre inventer une pièce qui n’existe pas quoi… et s’obstiner en plus).

Le maître mot pour la réalisation d’un tel projet est « concentration » (je vous l’avais dit) et j’aurai parfois mieux de faire une petite pause plutôt que de m’entêter à découdre et recoudre alors que clairement je n’étais plus attentive à ce que je faisais (mais je voulais tellement ma parka pour partir en vacances en Angleterre !).

Dans l’ensemble les explications sont super claires, notamment pour le montage de la fermeture éclair, une étape ultra gratifiante (à condition de ne pas inventer de pièces imaginaires mais a priori c’est quelque chose de faisable pour une majorité de personnes).

En ce qui concerne la doublure j’ai retrouvé ce que j’avais appris avec mes expériences précédentes et cela m’a bien aidé. Je préfère être honnête, si vous n’avez jamais cousu de pièces doublées, il est peut-être préférable de se faire la main sur un projet plus basique avant.

Dans tous les cas, un bon marquage des pièces à la craie (numéro + envers/endroit si nécessaire) ainsi qu’un bâti à la main pour les étapes délicates (poches par exemples) c’est la garantie d’un projet mené rigoureusement et bien fini.

Photo finish

Impatiente de vous présenter ma masterpiece j’ai profité de notre escapade familiale en Angleterre pour convaincre ma moitié de faire quelques photos par-ci par là, au gré des balades. Moi qui ai l’habitude de photographier mes créations toute seule dans mon salon, se retrouver à l’extérieur dans une vraie rue avec des vraies gens c’était pas évident.

A la maison j’ai aussi mon fer à portée de main pour corriger les petits plis récalcitrants, un miroir pour placer correctement le vêtement, là, vous avez ma veste Serra dans son jus, après un trajet en ferry, quelques jours de « portage » intensif, les poches pleines de coquillages, tickets de musée, mouchoirs, emballages de gâteaux… Dans la vraie vie en fait !

Vous noterez que pour être raccord avec ma métaphore j’ai la même coiffure qu’après un tour de montagnes russes… Mais bon au moins c’est réaliste et sans filtre (oui parce que mon équipe de coiffeurs-maquilleurs était en vacances aussi)…

On y retourne ?

Trop fière de l’avoir fait, et envie de le crier au monde entier (« bonjour je vais prendre une baguette pas trop cuite s’il vous plaît et ma parka c’est moi qui l’ai cousue »). La coupe est juste impeccable et bien que je ne sois pas hyper fan des manches raglans avec pince je dois dire que sur Serra tout a été superbement calculé. Le tombé est pile à mon goût.

J’ai adoré faire les poches et toutes les surpiqures. Le pied transparent avec petit repère ainsi que la possibilité de décaler l’aiguille à droite ou à gauche de manière très précise sur ma Pfaff ont été d’une aide précieuse. Pour la pose de la coulisse je me suis même amusée à prendre un fil kaki pour l’extérieur et crème pour qu la couture soit plus discrète à l’intérieur.

J’aime aussi le fait que la capuche soit amovible et le zip caché par la boutonnière. Les finitions font hyper pro. Une très belle expérience couture que cette parka Serra. Si vous avez des questions sur la réalisation de ce projet, des points que je n’ai pas ou pas assez abordé, n’hésitez pas à me laisser un petit commentaire j’y répondrai avec plaisir.

Maintenant si je vous dis que le modèle est unisexe et que mon poilu m’a demandé « le même en marine, avec une poche intérieure, tu peux le faire ça ? »… Pfff évidemment que je peux le faire… même pas peur !

Les sensations fortes, ça se partage !

Je ne pouvais pas terminer cet article sans laisser la parole à ma copine Manue (23 rue des roses) qui a, elle aussi, vaincu la parka, mais avec un autre modèle : le Kelly anorak de Closet case patterns. Comme on a suivi nos avancées en parallèle on a pensé que ce serait chouette de partager son expérience avec vous.

Le Kelly Anorak, ce graal (ou Rolex) de la couturière ! J’en rêvais depuis quelques années, j’ai même acheté le patron l’année dernière pour mon premier voyage scolaire au Pays de Galles, et puis non, pas assez de temps, projet qui semble chronophage ou très long dans le temps, beaucoup d’étapes qui dissuadent de s’y mettre comme la fermeture éclair, les pressions etc….

Et puis cette année j’ai pris mon courage à deux mains et avec un groupe d’insta copines (elles se reconnaitront) on a créé un groupe d’entraide sur IG d’abord baptisé Un Kelly pour le Printemps et puis des dissidences sont apparues à la sortie du patron Serra de Pauline y Alice 😊 et c’est devenu Une parka pour le printemps.

Pour le tissu, je savais que je voulais quelque chose de robuste, un beau tissu déperlant qui tiendrait dans le temps. Les toiles huilées de Merchant and Mills me semblaient le meilleur mariage patron/tissu même si c’est un peu onéreux à l’achat, j’espère que ce sera un bon investissement. Qu’on se le dise, ce n’est pas un projet économique. Tissu et fournitures tout compris, on tourne autour d’une centaine d’euros. Mais le résultat et surtout la satisfaction en valent la peine !

La doublure est encore une autre histoire, j’ai longtemps hésité, changé d’avis, puis je suis revenue à mon idée initiale un peu folle, matelasser une jolie viscose avec un Thinsulate pour avoir bien chaud. Pari gagné, c’était long mais pas vraiment difficile et je n’ai même pas eu besoin d’amidonner la viscose. Le résultat est à la hauteur du risque pris, ma doublure est toute douce et chaude. Je n’ai pas matelassé les manches par contre de peur d’être trop engoncée. J’ai aussi choisi de ne pas doubler la capuche car je ne voulais pas casser visuellement cette couleur qui me plait beaucoup.

D’une façon générale, ce patron est absolument génialissime, tout tombe impeccable, les tutos proposés par la marque sur le site sont très bien faits mais il faut lire l’anglais, seul inconvénient. Je pense qu’il est possible cependant d’obtenir les instructions du patron en français.
Ce Kelly m’aura occupée trois mois et j’ai adoré le coudre, chaque étape est hyper gratifiante et lorsque l’on s’approche de la fin, on a du mal à croire que c’est notre œuvre !
Sur ce je file finir ma valise, il part à Bristol puis Cardiff avec moi !

Jolis détails

31 réflexions sur “Les montagnes russes

  1. Mathilde dit :

    Bravo à vous les filles !!
    Ça pourrait me motiver à écrire l’article de ma parka à moi 😉 et comme j’aime faire simple j’étais partie de la Minoru jacket de sewaholic patterns que j’ai modifié en suivant les modifications faites par d’autres filles car moi justement j’aimais bien ces manches raglan 😉
    Bref un énorme boulot et une de mes plus belles fiertés couturesque, je confirme !!
    Bravo à toi et très chouette choix de tissus !
    J’imagine qu’il a bien servi en vacances 😉

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  2. Juliaclem dit :

    Ahah! Merci pour cet article! Je viens de finir mon Kelly et c’est exactement ça les montagnes russes…. mais quelle satisfaction! Il est plein de petits défauts qu’ apparemment je suis la seule à voir dixit l’homme ( « mais tu le vois pas làààà le décalage ??? » « Ben non… »). Quant aux erreurs de concentration, si toi tu inventes des pièces, moi j’oublie que mon aiguille se décale 😅😅(nouvelle machine pas l’habitude!!) … ce qui aurait été plus pratique pour coudre ma coulisse! Bref, la couture nous met dans tous nos états mais le résultat en vaut souvent la peine! Encore Bravo pour ton Anorak!
    Julia

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  3. Falbala dit :

    C’est une parka absolument superbe et tu as bien raison de crâner !! Oh j’imagine bien le boulot et effet montagne russe.. les détails et les finitions sont tomber!! vous avez bien bossé!!

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  4. Manoubricole dit :

    Tu m’as décidée pour acquérir le patron que j’en lorgnais
    J’ai le tissu pour faire une toile
    En retraite en octobre prochain je l’attaque car Avec ma façon de couture je préfère avoir du temps devant moi
    Encore merci pour ton article qu’en je garde sous le coude pour m’accompagner lors de la couture
    J’en profite pour te -vous dire qu’en j’ai toujours un grand plaisir à lire vos post
    Ps vous m’avez aussi décider pour le chemisier vitamine d’ivanne soufflet
    Non je n’en suis pas influençable les filles ……
    À bientôt

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  5. Muriel dit :

    Elle est superbe ta Parka ! Je cherchais un patron depuis bien longtemps, le Kelly Anorak me tentait mais les instructions en anglais me faisait peur. Et puis je découvre Serra et ta magnifique version ! C’est décidé j’embarque pour les montagnes russes !!

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