Rencontres #1 : Axelle, designer textile

Parce que c’est toujours amusant de jouer les petits souris et se glisser dans les coulisses, j’inaugure aujourd’hui avec vous, une série d’articles sur le blog intitulée « rencontres ». Il s’agira d’en savoir un peu plus sur le parcours et l’univers de créateurs/créatifs. On y va ?

C’est Axelle qui inaugure cette nouvelle série. Axelle est designer textile. Son métier est de dessiner, créer et vendre ses motifs à des éditeurs de tissus ou fabricants de prêt-à-porter. A l’occasion de la sortie de sa nouvelle collection pour la marque internationale Michael Miller, Axelle m’a contactée pour me proposer de découvrir son travail ; forcément j’ai tout de suite voulu en savoir plus sur une des mystérieuses personnes à l’origine des motifs qui nous font craquer. Rencontre avec Axelle, c’est parti !

Peux -tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Axelle, j’ai 40 ans et 2 enfants de 10 et 8 ans. Nous vivons à Nantes, après 10 ans passés en région parisienne, où j’ai été responsable marketing pendant 10 ans. J’ai toujours eu un tempérament artistique et touche-à-tout. J’ai expérimenté la sculpture, la peinture, pas mal de photo argentique aussi car c’est très formateur pour travailler les lignes, la lumière, les contrastes…. mais plus jeune j’ai choisi la voie de la raison en optant pour des études de gestion plutôt qu’un cursus dans le domaine du créatif. C’est d’ailleurs dans le cadre de mon DESS que j’ai pu effectuer un stage de 6 mois à Londres…

Mais ce qu’Axelle ne savait pas encore à l’époque c’est que ce stage lui serait d’une grande utilité par la suite… (à lire avec une grosse voix de narrateur-de-telenovela-pro-du-suspense).

Tu es aujourd’hui designer textile, comment est venue cette reconversion ?

Le départ à Nantes a été décisif pour franchir le pas, même si dès la fin de mes études, je suis retournée à Londres pour suivre un cursus complémentaire au London college of Printing, une formation autofinancée par des petits boulots.

Souvenez-vous du stage effectué précédemment par Axelle, il lui a permis d’obtenir des frais d’inscription très réduits… et le fait que le prof référent soit francophile n’est pas étranger non plus au fait qu’elle ait obtenu une des dernières places ! Est-ce le destin ou un heureux concours de circonstance ? 

J’ai ainsi reçu une formation enrichissante dans un environnement cosmopolite unique, étudiant avec une artiste peintre anglaise, un graphiste mexicain, un chanteur australien, une japonaise ayant d’abord étudié la peinture au Royal College of Arts ou une autre la mode à Central St Martin, toutes ces écoles ayant des passerelles… C’est grâce à ce double cursus que j’ai pu obtenir un poste où j’ai encadré une équipe de graphistes. Ayant toujours eu l’envie d’aller vers quelque chose de plus créatif et celle d’entreprendre, j’ai effectué un bilan de compétence qui m’a confortée dans cette idée.

C’est grâce à ce double cursus que j’ai pu obtenir un poste où j’avais à manager une équipe de graphistes, mais j’ai toujours eu l’entrepreneuriat en moi. C’est d’ailleurs ce qui est ressorti du bilan de compétence effectué au moment de a reconversion.

Après la reconversion, il a fallut se lancer…

Et c’était relativement long au final, car il m’a fallu environ 2 ans de préparation ! Cela a d’abord commencé par la mise à jour sur les logiciels Illustrator, Photoshop et InDesign. Puis par une suite d’essais-erreurs de motifs sur des échantillons de tissus grâce à Spoonflower, une imprimerie numérique grand public. J’ai participé à quelques concours, en ai gagné certains et cela m’a vite mis le pied à l’étrier. Cela m’a permis d’apprendre sur le tas, de manière assez empirique et de constituer une première « fournée » d’environ 150 motifs.

Et sont arrivées les collab’ avec Rico Designs et Michael Miller ?

Oui, mais avant cela j’ai découvert la couture, appris quelques bases avec une amie – Merci Domitille – et c’est ce qui m’a amenée au motif.

Lors de mon 1er salon AEF Pro Paris en 2015 (Salon Aiguille en fête professionnel NDLR), j’ai eu la chance de rencontrer la directrice artistique de Rico Designs. Elle a par la suite acheté mon motif « Bouquet sauvage » dont elle a d’ailleurs conservé le nom pour la collection entière, déclinée en papeterie, canvas à broder et même un peu de tissus.

Ensuite, en 2017 lorsque j’ai signé avec Michael Miller Fabrics, leur demande était beaucoup plus globale. Designer sous licence, il ne s’agit plus de dessiner quelques motifs isolés mais bien de créer une collection, la décliner en 3 gammes couleurs, ensuite de valider les échantillons de tissus. Comme ils impriment encore de façon traditionnelle, le nombre de couleurs est compté, ce qui m’a parfois obligée à faire des choix cornéliens… Ensuite lorsque les tissus arrivent, l’excitation fait vite place à une course contre la montre car il faut réaliser en très peu de temps un catalogue complet avec des modèles cousus et en patchwork.

 

Aujourd’hui tu travailles seule, qu’apprécie tu dans le statut d’indépendant ? Et inversement…
Cela me convient bien de pouvoir conserver une certaine polyvalence et souplesse dans mon organisation, même si avec une vie de famille cela demande une certaine discipline avec souvent des journées bien hachées ! Certaines activités sont vraiment chronophages comme la prospection, qui n’est franchement pas ma tasse de thé.
J’apprécie énormément les échanges avec d’autres créatrices indépendantes, notamment Karine (PM patterns), Amélie (Gasparine), Caroline (Slow Sunday) pour n’en citer que quelques unes, qui m’apportent leurs remarques toujours constructives sur l’usage de tel ou tel motif, et constituent un véritable soutien !

Où trouves-tu l’inspiration ?

De la nature beaucoup. Je vis près d’un grand parc qui m’inspire beaucoup ! J’aime aussi flâner dans les brocantes – à Londres je passais des heures dans les « charity shops » – feuilleter de beaux livres, me balader en vélo… Mes enfants participent aussi à leur manière. Avec eux j’aime tester de nouveaux outils, leur proposer des ateliers créatifs, brainstormer et mettre à profit leurs idées originales.

Tu crayonnes encore ou c’est de l’idée à l’ordi sans chemin de traverse ?

La plupart du temps, je dessine au crayon et au marqueur avant de scanner et passer sur Photoshop. Ensuite je travaille la couleur au dernier moment sur Illustrator. Et pour certaines demandes clients, il m’arrive aussi de peindre les motifs à la gouache ou à l’aquarelle, mais c’est de suite beaucoup plus long et sans ouverture couleur possible…

Quel sont tes projets pour les années à venir ?

Ma 2e collection pour Michael Miller Fabrics : Forest Gifts vient de sortir et arrive tout doucement en France… Ma 3e collection arrivera courant Juillet en merceries.

NB : Les merceries partenaires dans lesquelles vous pourrez retrouver la collection d’Axelle :  @aufildeflonantes NANTES – @lamalledeclarisse ANGERS – @lafarandoledestissus CHOLET / ANGERS – @sudocoud ANNECY – @lululaluciole15 INTERNET – @autempsquipatch ILE DE FRANCE

Aujourd’hui, je suis heureuse d’avoir osé faire ce choix, c’est vraiment un métier-passion ! Pour la suite, j’espère trouver un agent pour l’export et aimerais voir mes motifs déclinés sur du papier peint (si un fabricant passe par ici, sait-on jamais). 

Ce premier article « Rencontres » vous a plus ? N’hésitez pas à me dire en commentaire quel univers vous aimeriez découvrir (modélisme ? Fabrication, vente de tissus ? Ateliers ? Laine ? etc…). Le champ est possible est ouvert !

16 réflexions sur “Rencontres #1 : Axelle, designer textile

  1. nicole CORBIERE dit :

    Quelle excellente idée ces reportages Rencontres !! Vraiment très intéressant ! Merci infiniment.
    Concernant ce premier reportage, félicitations à Axelle, designer textile, j’adore ces collections
    de tissus, aux couleurs fraiches et toniques, inspirées de la nature. Bravo ! C’est magnifique.
    Belle continuation.

    J’aime

  2. Mazick dit :

    Bravo pour nous proposer cette rencontre.
    J’ai appris beaucoup, je ne savais pas et ne m’étais jamais posé la question de savoir comment sont créés les motifs. Merci d’ avoir écrit cet article!

    J’aime

  3. Pascale Angleraud dit :

    Nouvelle rubrique passionnante et très enrichissante. J’aime beaucoup l’univers d’Axelle. Je suis admirative de toutes ces personnes qui osent ! Continue à nous faire rêver.

    J’aime

Répondre à nicole CORBIERE Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.